Au Gabon le débat est posé sur la suppression de la dot. Dans un article de Rfi.fr, le 8 juin dernier, c’est la Fédération nationale des syndicats de la culture et des arts qui l’a lancé dans les réseaux sociaux, après avoir constaté que les sommes exorbitantes qui frisent une « commercialisation » de la mariée. Bés bi (re)pose le débat au Sénégal face au même constat. Mais ce n’est pas demain la veille, puisque des femmes se sont levées pour dire niet. « Personne n’a le droit de supprimer la dot. Une femme il faut la doter », lit-on dans les déclarations.
Autrefois, pour demander la main d’une femme, l’homme donnait, en guise de dot, soit une montre, soit une télévision ou une radio ou un lit, en sus d’une somme d’argent symbolique. Et le mariage était scellé. Cette époque est révolue. C’est la surenchère de la dot maintenant.
Aujourd’hui, les filles réclament des millions. Ce sont les célébrités de la gent féminine qui prônent cela. Ces dernières, depuis quelque temps, exposent sur les réseaux sociaux les millions qu’elles prétendent recevoir en guise de dot. La chanteuse Mbathio Ndiaye a annoncé avoir reçu 10 millions de FCFA comme dot. L’actrice Soumboulou déclare avoir empoché 6 millions. La chanteuse en herbe, Fatel Sow, quant à elle, a publié sur le net les 3 millions et une luxueuse voiture qu’elle a reçus de son mari Ngaka Blindé. Le mannequin Marie Louise Diaw annonce elle aussi avoir reçu 30 millions, deux voitures et deux parures en or. La dernière actrice à étaler sa dot sur les réseaux sociaux est Marichou. Elle dit avoir reçu 7 millions, deux terrains et un véhicule.
Toutes ces sommes annoncées par ces célébrités sont-elles vraies ? En tout cas il est difficile de vérifier. Mais force est de reconnaître que ces déclarations, qui frisent le voyeurisme, sont en train d’avoir des influences négatives sur les jeunes filles. Lesquelles pensent aujourd’hui qu’il faut demander des millions pour se marier. Face à cette tendance, nombre de Sénégalais pointent un doigt accusateur les célébrités. Et conséquence, cela suscite une jalousie, une concurrence entre filles.
Fixation de la dot
Ce qu’en dit le code la famille
L’article 132 du code de la famille dispose, sur les conditions de fond du mariage : « Les futurs époux peuvent convenir que la fixation d’une somme d’argent, ou la détermination de biens à remettre en partie ou en totalité par le futur époux à la future épouse, sera une condition de fond du mariage. Cette dot ne peut dépasser la valeur maximum fixée par la loi. Elle est propriété exclusive de la femme qui en a la libre disposition. Il est fait mention dans l’acte de mariage du montant de la dot, de la part stipulée payable d’avance et de ce qui a été perçu par la femme au moment de la célébration du mariage ».
Imam Moussa Fall, animateur religieux Iradio, Itv
« Il n y a pas une somme limite pour la dot »
« Il faut dissocier d’abord la dot des cadeaux que l’homme se propose de donner à sa future épouse. La dot, c’est juste une somme symbolique qui permet de nouer le mariage selon le rite ‘’Malikit’’. Il y a trois points essentiels à savoir : la dot, les témoins, l’accord ou l’aval des tuteurs. Au-delà de la dot, il y a ce qu’on appelle les cadeaux qui ne sont pas une obligation pour sceller un mariage. Ces présents peuvent être considérés comme un appui financier pour aider la mariée à organiser ses noces et cela dépend de chaque société.
Maintenant, pour la dot, il y a une différence entre celle qu’on doit donner à une fille vierge qui ne s’est jamais mariée et celle qu’on doit donner à une fille qui est divorcée. En effet, pour valoriser la fille vierge, une somme n’a pas été fixée comme dot, dans le Saint Coran. Dans la Sourate ‘’Al NIssa’’, il est dit : ‘’Donnez aux femmes leur dot.’’ Mais il n’y a pas une somme limite. Seydina Oumar avait tenté de révolutionner la dot en la limitant à une somme pour que le mariage soit accessible. Mais ce jour-là, il a eu la mésaventure d’être corrigé par une dame qui lui a répété ce verset : ‘’Qu’Allah Soubkhana Watallah n’a pas limité la somme de la dot. Vous vous essayez d’être plus royaliste que le Roi.’’ Et Seydina Oumar de reconnaître qu’il a commis une erreur.
Si on se réfère à la dot que le Prophète (SAW) avait donnée à Khadija, on peut dire que c’était une très forte somme : on parle de 40 chamelles, à l’époque avec une somme assez exorbitante. Mais, Lui étant un modèle, pour ses autres mariages, les dots ont été aussi simples que cela. Et chaque homme pourrait se retrouver dans cet acte de donner une forte somme ou de donner une somme assez faible par rapport au mariage. Et, Il a insisté sur le renchérissement de la dot en soutenant même que cela fait partie des signes annonciateurs de la fin des temps. Donc, il n’y a pas une somme limite pour la dot. Si l’homme prévoit un montant énorme pour honorer sa femme, on ne va pas l’empêcher de le faire. Mais, s’il n’a pas les moyens, il faut éviter plutôt de se surpasser pour des raisons futiles ».
Abbé Alphonse Birame Ndour, Curé de la Paroisse Saint Paul de Grand Yoff
« Pour l’Eglise, il n’y a pas de fixation de dot qui soit légalement demandée »
« Il faut remarquer déjà au niveau des textes cryptuaires du Nouveau Testament en particulier qu’il n’y a pas de mention faite sur la dot. Par contre, il y a des usages et coutumes qui sont reconnus par tous les peuples. Nous savons que la dot est traditionnelle et que c’est un facteur très important. Mais, il faut remarquer que, dans certains cas, elle est donnée par la femme pour ne pas dire de manière exclusive que la dot qui est destinée à la femme viendrait uniquement de la part de son futur époux. Maintenant, en ce qui concerne la légalité de cela, l’Eglise n’en fait pas une mention obligatoire. L’Eglise voudrait demander en reconnaissant le principe de la dot comme une marque de respect envers la famille de la fille. Car, nous savons que la loi fixe la dot à 3000 FCFA. Concernant donc ce respect du principe légaliste ainsi que du principe social, l’Eglise ne peut que l’encourager. Mais, il ne faudrait pas penser non plus que sans la dot les gens ne devraient pas pouvoir se marier. Pour l’Eglise, il n’y a pas de fixation de dot qui soit légalement demandée. La seule chose qui est demandée du point de vue de l’Eglise, c’est de pouvoir verser l’honoraire de Messe qui est prévu à la célébration de celle-ci et cela est fixé dans les paroisses à 15 000 FCFA ».
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