"Il s'est marié avec moi par intérêt, m'a fait un enfant et m'a volé 100 millions fcfa"

Poursuivi pour escroquerie et abus de confiance, le prévenu Amath Diouf, domicilié à Nord-Foire risque gros. Le commerçant aurait profité de l’amour de son ex-épouse pour la gruger d’une somme de 100 millions de FCfa. 

Comme si elle venait à peine de découvrir le monde féérique des sentiments, Fatou Dioum est complétement passée à côté de la plaque ou plutôt, son amour pour son ex-mari a provoqué en elle une cécité la poussant à dépenser sans compter. Devant la barre du Tribunal des flagrants délits de Dakar, hier jeudi, la femme d’affaires, domiciliée à Touba, s’est livrée à un cri de détresse. «Il a décimé 20 ans de dur labeur. Il s’est marié avec moi par intérêt, m’a fait un enfant, m’a grugée d’un montant de 100 millions de FCfa avant de m’abandonner.» Cette phrase n’a cessé de revenir en boucle dans ses déclarations. Depuis le 23 janvier dernier, elle a envoyé son ex-mari, Ameth Diouf, derrière les barreaux pour escroquerie portant sur une somme de 100 millions de FCfa et abus de confiance. Durant l’interrogatoire à la barre, c’était sa parole contre celle du prévenu. Après plusieurs heures de tiraillements entre les deux parties, l’affaire est mise en délibéré pour le 17 février prochain.

Les débats d’audiences ont permis de comprendre les péripéties de cette singulière affaire. Tout remonte en 2018. Date à laquelle, les deux ex-conjoints se sont connus par le biais d’un ami commun. Si on s’en tient au récit de la partie civile, Ameth Diouf est venu lui déclarer sa flamme. Ne voulant pas se livrer aux batifolages, vu son statut de responsable, elle lui a proposé le mariage, croyant en ses bonnes intentions. Elle lui a ainsi donné 3 millions de FCfa en guise de dot pour qu’il le remette à ses parents. Le mariage fut ainsi scellé. Quelques temps après, elle a fait en sorte que son mari la rejoigne en Italie. Mais ce dernier, dès son installation, a commencé à dérouler son plan. D’abord, il l’a convaincue d’acheter une maison à Dakar. C’est sur ces entrefaites qu’elle lui a alors remis une somme de 74 000 Euros, soit 48 millions de FCfa, puis 64 000 Euros pour un Busness à deux, sans compter les autres montants qu’elle lui remettait en cash. Dès qu’il a réussi à la dépouiller de cette somme astronomique, il l’a abandonnée alors qu’elle portait son enfant. A la naissance du bébé, il n’a pas honoré ses responsabilités, selon la maman. Elle a dû envoyer une somme conséquente à la famille pour le baptême, histoire de sauver son honneur. Mais c’est à partir de ce moment aussi qu’elle a compris qu’elle s’est faite avoir. C’est sans hésiter, qu’elle déchirera son passeport et ses visas. Mais, dès qu’elle a mis en branle la machine judiciaire, leur guide religieux est intervenu pour un règlement à l’amiable. Ce dernier l’a même remis la somme de 10 millions pour qu’elle renonce à sa poursuite. Ne pouvant pas le défier, elle s’est tout simplement pliée à son souhait. Mais elle a encore reçu de sa part un coup de massue lorsqu’elle a eu écho que son ex-époux disait à qui veut l’entendre, qu’elle est «une castée», c’est pourquoi il l’a quittée. A l’en croire, il y a une traçabilité de leurs échanges sur WhatsApp et des décharges en bonne et dues formes qui ont été signées par Amath. Attrait  hier jeudi à la barre, son ex-époux a livré une autre version. Si on s’en fie à sa version, après leur mariage, ils ont collaboré pour faire un busness. Mais il a abandonné cette idée quand cette dernière a commencé à lui piquer ses clients. Ce fut le déclic de leur problème. A l’en croire, il ne lui doit que 6 800 Euros. Ces décharges dont elle fait allusion, il ne les a jamais signées. «Je ne sais ni lire, ni écrire», explique-t-il. D’ailleurs, il a, à son tour, introduit une plainte contre elle pour faux et usage de faux. Convaincu de sa culpabilité, le procureur de la République a requis une application de la loi. L’avocat de la partie civile a réclamé 100 millions de FCfa pour dommages et intérêts. La défense a plaidé pour la relaxe. Délibéré au 17 février prochain.